Il n'est pas venu. Evan n'était pas venu au parc, il avait laissé Amelia seule. Celle-ci l'avait attendu aussi longtemps qu'elle l'avait pu, mais même notre héroïne un peu autiste savait qu'elle ne pouvait plus rester là-bas. Cela faisait quelque jours qu'elle tentait de passer un appel en espérant qu'il réponde, sans succès. De toute évidence, il n'y avait plus aucun réseau dans la ville, donc les téléphones étaient inutilisables, même si les portables n'étaient pratiquement plus utilisés comme tel de nos jours. Mis à part jouer à «Angry Birds», il ne servirait plus à grand chose, ce pourquoi Amelia se contentera de l'échapper au sol et continuer son chemin, inutile de le garder. Cela soulevait une autre question également. Où allait-elle aller au juste? L'appartement dans lequel elle résidait se trouvait au centre-ville, et celui-ci grouille de ces choses. Elle ne pouvait pas y aller, alors elle n'avait pas d'abri. Elle ne connaissait personne habitant dans cette partie de la ville, même si ce n'était pas comme si elle connaissait bien des gens tout court. Les quelques survivants vivant toujours ici n'étaient pas particulièrement accueillants, pour ne pas dire inquiétants pour certains. Par contre, il demeurait toujours quelques maisons vides, que ce soit de vivants ou de non-vivants. Voler était une chose bien mal, mais si les propriétaires étaient partis, alors cela n'en serait plus, non? Ce serait comme si elle serait fâchée si quelqu'un lui prendrait le téléphone qu'elle avait jeté plus tôt.
Amelia leva les yeux en direction du ciel. Les murs de la ruelle dans laquelle elle se trouvait cachée laissaient une tranchée. Il n'y avait plus de ciel bleu depuis quelque temps déjà. Les brasiers un peu partout que personne ne pouvait, ou voulait, éteindre avaient fait apparaître d'épais nuages allant entre le gris et le noir. Amelia n'aime pas ces couleurs, ce sont des couleurs sales, le ciel était sale, même la pluie l'était et ne faisait qu'empirer les choses. Elle aussi l'était d'ailleurs, mais difficile de trouver quelque chose pour enlever cette saleté.
Trouver de quoi se mettre aux pieds ne serait pas une mauvaise idée non plus. Amelia commençait à détester avoir à marcher pieds nus. Le bout de sa batte de baseball traînait sur le sol derrière tandis qu'elle se servait de son autre main afin de changer les fréquences sur le walkie-talkie qu'elle avait trouvé l'autre jour. Avec un peu de chance, elle arriverait à tomber sur des survivants, voire même la police, quoique ce serait un peu difficile. Elle se demandait bien où ils se trouvaient d'ailleurs. Avec tous les enragés et les criminels qui se baladaient en liberté ici, elle aurait cru qu'ils serait bien occupés à mettre un peu d'ordre dans la situation. La ruelle dans laquelle elle se trouvait était calme pour le moment, du moins depuis la dernière fois où elle avait jeté un coup d'oeil. Elle n'entendait rien d'anormal, si ce n'était les coups de feu occasionnels au loin. Assise sur le couvercle d'une poubelle, elle laissa la batte reposer en angle contre celle-ci, jouant avec la radio pour trouver quelque chose qui vaudrait son intérêt. Sans quoi, il n'y aurait plus qu'à progresser prudemment au sortant de la ruelle afin de voir s'il y aurait une maison en assez bon état pour y passer un peu de temps en sécurité et voir s'il y avait des objets intéressants et de quoi boire et manger, choses qui tombaient rarement dans les priorités de la jeune fille auparavant. Elle réajusta ses lunettes après être descendue de son siège, prenant avec elle la batte en bois. Avant de jeter un coup d'oeil dans la rue, elle restera un instant non loin de la sortie, écoutant attentivement si quelque chose se dirigeait dans sa direction ou se trouvait proche dans un quelconque angle mort.