A poil, crénom !

Le capitaine avançait avec François et lui pointa la salle en face en entrant.
Là bas l'y attendaient un docteur, Romuald, et deux gars armés.

Avant que François n'y rentre, une mère et sa fille venaient d'en sortir et se dirigeaient vers le dortoir.


Romuald porte une blouse blanche et est en train de changer de gants en latex.
Un des gardes change le drap en papier des deux lits qui sont posés dans la salle.

Pour sûr, le Capitaine c'était pas un mou. On voyait bien qu'il n'avait pas le temps de se faire bullshiter, comme on dit. Frank apprécia de voir que le chef, c'était un type comme ça, mais il sourcilla tout de même. Il était prudent, tout autent que ce ''Capitaine''. En bref, il avait expliqué rapidement la situation, avec le minimum d'infos, sans rien dévoilé de personnel. M'kay, son grade. Si ça se trouve, il se tenait devant un chef de quart d'un fast-food à thématique pirate. Puis, il fut ''invité'' à suivre pour une inspection.

''Ouais, je comprend, pour les risques d'infection et tout, pas con.''

N'empêche, il aimait pas vraiment se faire commander comme ça alors qu'il était à peine arrivé en ''Tertreville''. Il avait bien quelques bleus et autres blessures bénignes, le Frank, et honnêtement, la menace d'être buté arbitrairement si le doc décide qu'il était un risque le faisait chier particulièrement, mais il ne pipa mot. Il doutait, par contre. Il avait bien affronté des monstres, et peut-être reçu quelques griffures. Il avait mal au mollet, et son épaule lui piquait, mais une morsure? Rah. Du coup, s'il finissait par être accepté dans ce bled de survivants, il serait content d'une telle procédure pour conserver la sécurité des civils. Mais pour le moment, le doute le tiraillait. Mains dans les poches, il se laissa mener docilement, sans sourire cette fois, jusqu'à l'infirmerie.

''Ça déconne pas avec la sécurité, dites donc. Si j'passe le test, j'aurai le droit d'avoir une arme aussi?''

La nervosité le rendait insolant, il le savait, mais il s'était toujours plut à jouer le clown quand il sentait que la situation lui échappait. Ça le détendait, du moins. En retirant sa chemise, il se mit à pouffer.

''Avant que vous demandiez, Doc, non, je n'ai pas fréquenté de sauna pour hommes dernièrement.''

Sueurs froides sur le torse velu du Corse. Putain, il sentait la balle venir. Il n'avait pas été mordu, non? Pas vrai? Hein?

Romuald passa son second gant en latex et le fit claquer.

- ACH ! Nous z'allons foir zi fous n'afez pas de morzure, mein Kinder !, cracha-t'il presque avec un accent caricatural allemand.
Il toussa un peu et reprit, sans cet accent:

- Ah putain, avec tous ces morts, faut bien rigoler un peu, bordel à couilles.

Le joyeux docteur invita François à se mettre à l'aise.
Il lui expliqua (avec plein de mots que j'ai la flemme d'écrire) que dans le cas d'une morsure visible, on commençait par traiter la blessure, voire amputer en cas de grande surface, puis on mettait la victime en quarantaine dans une chambre isolée dans une des maisons. Et si ça ne guérissait pas (et ça n'était arrivé que deux fois), on tirait une balle dans la tête de la personne, pour s'assurer son calme définitif.
Vu l'état général de François, l'examen était rapide: quelques griffures, égratignures, que le médecin s'empressa de soigner correctement, mais pas de morsure.

- La salive et le transfert de sang, c'est les seuls trucs qui transmettent l'infection. Le sperme peut-être, mais comptez pas sur moi pour tenter le coup.

Il rit un coup.

- Vous pouvez vous rhabiller, mon gars. Je vous filerai bien une arme, mais on en a pas plus que d'hommes. A moins de convaincre un des gars de vous donner la sienne, va falloir que vous en trouviez une par vous-même. Quoiqu'il en soit, vous êtes clean. Pour le moment. Pour le reste: sortez jamais seul, surveillez vos équipiers et n'hésitez pas à revenir si vous pensez être infecté. Dans le meilleur des cas, c'est rien. Dans un cas pas cool, c'est dangereux et on vous soigne. Dans le pire des cas... et bien t'as pas l'air bête. Mais ça fera un ennemi en moins à combattre.

La prestation comique du doc le fit bien marrer, pour le coup. Il imaginait que dans une situation comme celle-ci, le boulot de toubib, c'était pas le best. Le taux de patient qui devaient mourir sur la table d'opération, rah putain, il osait pas y penser. AU moins de voir que Romuald gardait le moral, ça lui redonna de l'aplomb.

''Belle prestation, Doc. Z'étiez comédien avant?'

Il entrepris de se dénuder complètement, se doutant que le moindre recoin devrait être étudié. Depuis son premier test de la prostate lorsqu'il passa la trentaine, se faire examiner comme tel ne le gênait plus. Il passa l'examen avec calme, relâchant un soupir de soulagement lorsque ce fut terminé. Quelques petits pansements, et il était fin prêt à se trouver un boulot afin de s'occuper. En fait, il songeait fortement à se trouver un coin pour prendre un bon somme, mais taillé comme il l'était, il voulait pas passer pour un flâneur si tôt après être arrivé.

''Merci, Doc. Pour les conseils, surtout. Déjà, j'pense que le patron ne tient plus en place, il doit déjà avoir un truc bien chaud pour moi.''

Poignée de main, tape sur l'épaule, il songea que la prochaine bouteille de Bourbon qu'il trouverait serait pour le bon vieux Rommy. Il quitta donc l'infirmerie, louchant sur les matador qui gardaient leur armes avec un sourire. Ils céderaient pas leur bidules sans combattre, et il était pas là pour foutre le bordel. Ayant rejoint le Capitaine, il l'interpella.

''C'est bon, j'passe le test. Je présume qu'il y a un truc que je peux faire? J'vous doit bien un sandwich, non?''

En sortant de là, tu croises [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], un jeune lycéen. Il passe après toi à l'examen.
Mais puisque tu sors...

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