Nous ne pouvons donner suite à votre appel...

C'en était trop. Non seulement Kévin se trouvait coincé dans un des endroits les plus ringards de Paris, mais surtout il était seul. Enfin seul... évidemment, il y avait pas mal de monde qui circulait sur la place. Tous ces gens semblaient tellement occupés que Kévin préféra se mettre en retrait. Adossé à un arbre, il tapotait l'écran de son Iphone 6 avec impatience. Jetant des regards à droite à gauche, il soufflait avec exaspération en direction des gars qui ne pouvaient pas s'empêcher de discuter en se gueulant dessus. Ils n'avaient pas d'éducation ? Ils ne savaient pas se contrôler ? Néanmoins, le jeune homme écoutait ce qui se disait et rien n'était rassurant. Visiblement, il aurait du remercier la providence d'avoir été au bon endroit au bon moment. Actuellement, il aurait du se trouver à la Plaine-Saint-Denis pour le tournage d'un sitcom dans lequel il avait récupéré l'un des rôles principaux. Mais ce fâcheux contretemps avait foutu sa journée en l'air.

Bordel, pas de réseau...

Kévin ne parvenait pas à contacter son agent et ça commençait à le mettre gentiment en rogne. Il entendit qu'il y avait un bâtiment qui s'occupait des communications avec l'extérieur. Plus le temps de se poser des questions... Kévin se redressa et se dirigea d'un pas décidé en direction du bâtiment en question. Il entra et d'une voix forte, il s'annonça.

J'ai besoin de téléphoner, c'est urgent.

Il jeta un coup d’œil périphérique pour chercher quelqu'un qui réagirait à son appel et qui le reconnaîtrait, forcément.

Le jeune homme, qui portait un bandage autour de l'oeil gauche lui enserrant la tête, se retourna vers Kévin.

- Ouais ben repasse dans deux semaines. Les lignes téléphoniques sont coupées, tout ce que j'ai ici, c'est une radio et une téléphone satellitaire déchargé. Et je pense que la colonie en a plus besoin que toi.

Il tiqua un petit temps et rajouta:

- Ah attends... T'es Kévin, de "Colocataire Aventure", sur la 12, non ? Non, je confonds ?

Il te regarde avec un air, mi-surpris, mi-dégoûté.
Se retrouver en ta présence ne l'enchantait pas réellement au plus haut point.

Il devenait impossible pour Kévin de camoufler son agacement. Le p'tit gars qui lui parla, d'ailleurs probablement plus âgé que lui, n'avait pas donné la bonne réponse. Et cela commencer à gentiment exaspérer le people. Fort heureusement, dans un deuxième temps, il reconnut Kévin. Évidemment, cela ne pouvait se passer autrement. Tout le monde finissait par le reconnaître car ses émissions avaient eu plus de téléspectateurs que ce que les gens laissaient croire. Au niveau de la notoriété, il avait même terminé second dans un sondage paru dans un magazine pour les gamines, derrière un chanteur de r'n'b assez pathétique. Il répondit d'un ton peu enthousiaste, en évitant le regard de son interlocuteur. Il ne remarqua pas le regard moyennement dégoûté du gars.

Ouais, c'est bien moi. Et là, tu vois, j'suis assez pressé, donc je me fous pas mal de tes excuses. Je te répète, je suis prioritaire et je vois pas ce que tu peux avoir de plus urgent à faire.

Les mains sur les hanches, Kévin commença à observer les lieux, comme s'il pouvait trouver un téléphone filaire et l'utiliser directement sans demander l'autorisation.

Écoute, je veux bien être cool, on fait une photo sympa genre 'on est les meilleurs potes' et demain t'es dans les magazines... C'est un bon plan, non ? T'as pas accès au net, sinon ?

Inutile de préciser que le people ne parvenait pas à comprendre la gravité de la situation (ah bah si, trop tard)... L'irritation de Kévin commençait à se transformer en une légère inquiétude. Et s'ils étaient vraiment bloqués ? Et si, quand l'autre lui disait d'attendre deux semaines, ce n'était pas une plaisanterie ? Il n'aurait pas dû écouter son agent, et plutôt quitter ce pays d'arriérés pour faire carrière aux States. Là-bas, au moins, il était sûr qu'il n'y avait pas de maladies chelous.

Joseph était un bon gars. Pas vraiment fan de télé-réalité, mais pas méchant.
Quand il se faisait marcher sur les pieds, il laissait souvent faire, jusqu'à un certain point.

- Je crois que tu te rends pas bien compte de la situation, mec. Dehors, c'est un peu le chaos total, genre Walking Dead, mais en vrai. Le téléphone que j'ai là, c'est genre le seul que j'ai qui fonctionne à un bon kilomètre à la ronde. Et on s'en sert pour essayer qu'on nous envoie de la bouffe et des armes, tu suis ?

Gnagnagna faire une photo dans les magazines. Ce mec était timbré ou quoi ? Aveugle, au moins ? Con, sans doute.

- Maintenant, si tu veux avoir accès à un téléphone, t'en as plein les rues autour ! Y'en aura p'tet un qui marche. Y'aura même sans doute pas que ça qui marche, même.

Il fit pivoter sa chaise et renfonça son casque sur ses oreilles, parlant dans le micro bien fort pour faire comprendre à Kévin que la discussion se stoppait là.

Mais de quoi qu'il causait ce type ? Walkman quoi ? Pouvait pas s'exprimer en français ? De la bouffe et des armes... Kévin commença à avoir un début de démarrage d'éventuelle mise en route de compréhension de la situation actuelle. Peut-être s'était-il trop vite réfugié Place du Tertre pour pouvoir appréhender les événements ou bien avait-il trop l'habitude d'être déconnecté de la réalité... En fin de compte, il ne sut quoi répondre à Joseph. Celui-ci se retourna en marmonnant qu'il n'avait que se débrouiller tout seul. Kévin haussa les épaules et quitta les lieux en lâchant distinctement une grosse insulte qu'on aurait probablement recouverte d'un *bip* dans l'une de ses émission.

Retour à la case départ. Le jeune homme n'avait pas perçu l'ironie dans la dernière remarque de Joseph et décida de se mettra à la recherche d'un téléphone en état de marche. Un kilomètre à la ronde ? Les studios de la Plaine-Saint-Denis se trouvant au Nord de Paris, c'était jouable. Seulement, et il l'avait bien compris, s'il sortait de la Place, il pourrait très bien être attaqué par ces... Non, il refusait d'y songer, ni même d'admettre leur existence. Ainsi, Kévin chercha une issue du regard et décida de se diriger vers la barricade Est.

Il s'approcha d'un pas rapide de la clôture sommaire qui avait été installée pour bloquer l'accès. Puis il tenta de détecter un responsable ou quelqu'un qui visiblement s'occupait des lieux. Enfin, toujours d'un air blasé et peu agréable, il présenta sa requête.

J'ai besoin d'aller chercher... un truc, dehors. Me faut une escorte.

Toujours pas étouffé par la politesse. Cependant, il comprit cette fois-ci qu'il n'obtiendrait rien s'il évoquait son histoire de téléphone. Ces ploucs ne pigeaient rien aux vrais problèmes des gens importants comme lui.

Tu tombes sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], le chef des gardes EST et [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].

Le chef prend la parole et balance: "Bah alors, mon gars, on a oublié quelque chose dehors ? Tu tombes bien, le Capitaine nous as demandé d'aller chercher un gus dehors. Si y'a pas trop de monde sur le chemin et si c'est pas trop loin, on pourra p'tet faire un crochet pour ce que tu demandes."

Derrière toi, tu vois arriver le Capitaine et François, qui arriveront après ta prochaine intervention.

"Mais t'es pas un peu maigrelet pour sortir ? Il te faudrait un moyen de te défendre, c'est indécent, là !"

Un type à l'allure peu commode s'approcha de Kévin. Étonnamment, il répondit presque par la positive à la demande du people. Mais il n'en oublia pas, pour autant, l'ironie condescendante obligatoire quand on s'adresse à ce genre de personne. Et cela, le jeune homme ne l'acceptait pas facilement, en général. Ainsi, d'un air menaçant, il commença à s'approcher de celui qui lui parlait si effrontément, en remuant les bras tel comme s'il se trouvait dans la cour de récré d'un collège de banlieue.

Vas-y ! Wesh ! C'est à moi qu'tu causes, bouffon ! T'as vu ta gueule ou bien ! Tu vas te prendre une patate dans ta gueule et tu vas voir c'est qui le maigre laid ! Incident toi-même, 'spèce de boloss...

Il se trouvait alors nez à nez avec l'individu sus-cité. Puis, au bout de quelques secondes interminables, et se rendant compte que son interlocuteur ne baissait pas les yeux, Kévin décida finalement de faire un pas en arrière. S'il se retrouvait avec un coquard, il devrait alors trouver des lunettes de soleil pour ne pas se payer la honte.

Tu paye rien pour m'attendre, bâtard.

Sa dernière remarque était à peine marmonnée mais les deux individus qui arrivaient dans son dos durent certainement l'entendre...

Ni une, ni deux, le plus costaud des gardes, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] sortit une arme et la braqua sur Kévin.

"Ecoute moi, connard. Soit t'es costaud et tu survis, soit une p'tite bite et tu te fais bouffer. Si c'est le cas, je te jure que je flinguerais AVANT que tu te transformes. Capici ?

Derrière, ses trois copains, souriant jusqu'aux oreilles, étaient content que Vince t'ait rabattu ton caquet.

Il rangea son arme et recula d'un pas lorsque le Capitaine arriva.

"Et bien, il s'en passe des choses, ici ! Okay, Henri, je vous présente François. Il est pas armé mais c'est un costaud. Tu m'envoies un gars avec lui sur le local allumé. Evitez les coups de feu."
"Okay Capitaine. (à Vincent) Okay, grand, c'est toi qui t'y colle. Pas de grabuge surtout. Les zeds sont calmes là. Alors restez zen. Tu sais où tu vas et t'essaye de me ramener les civils à bon port, okay ?

Le grand costaud acquiesca de la tête et fit signe à François de venir.
Quant à Kévin, si tu veux sortir, il va falloir te faire entendre fissa.

Kévin avait beau être un frimeur de première classe, il savait se soumettre quand il croisait plus fort que lui. Et en l'occurrence, le type au flingue aurait pu lui faire un troisième œil. Du coup, le jeune homme se mit à balbutier des mots inaudibles, eut les yeux qui commençaient à rougir et un léger filet d'urine se mit à couler le long de sa cuisse, heureusement sans traverser le tissu du pantalon. Du coup, lorsque la conversation reprit, il était en retrait, hésitant à se barrer en courant pour aller se cacher dans les toilettes.

Non, c'était trop important. Il devait trouver un téléphone et le jeune homme prit sur lui. Ainsi, dans un élan de courage démesuré, d'une voix plus si confiante et se mettant à l'abri du colosse, Kévin prit la parole, presque sur un ton d'excuse.

Heu... et moi ? Je veux dire, heu... vous aviez dit que peut-être j'pourrais venir avec vous. Non ? S'il vous plaît... je dois téléphoner...

Il avait totalement occulté le fait qu'il était inconcevable de sortir sans s'armer. Avait-il compris la remarque ? Pas sûr... Quoiqu'il en soit, ce coup de téléphone était suffisamment vital à ses yeux pour oser quémander encore de l'aide.

François et le Capitaine continuèrent à parler et Henri désigna [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] pour t'accompagner, voyant que François était occupé.

- Okay, les gars. Pas de bruit, pas de grabuge. Si vous faites un crochet par la rue du Chevalier, ça devrait être calme. Limitez le bruit et le détonations.
Il envoya une barre de fer d'un bon mêtre à chacun de ses gars et à Kévin.
- L'appart' est au coin de la rue St-Vincent coté est, au pied des escaliers. Aller. Retour. Dans le calme. Compris ?

Les deux autres hochèrent la tête et passèrent la barricade, attendant Kévin.

Code:

Barre de fer (hast, 3dgt)

Pas de bol pour Kévin, le grand malade de la gâchette était de la partie. Heureusement, un troisième larron nommé Boris les accompagnait. Ils reçurent tous une grande barre de fer. Le jeune homme observa longuement la sienne comme s'il attendait que quelqu'un lui fasse un dessin pour lui expliquer l'utilité d'un tel objet. Finalement, il haussa les épaules et entreprit d'escalader à son tour la barricade.

Une fois qu'il eut rejoint ses deux acolytes, Kévin ne peut réprimer un frisson qui lui parcourut le dos. Le danger, bien qu'invisible pour le moment, était palpable. Il régnait une tension insoutenable et le people ressentit enfin l'aspect dramatique de la situation. Paris semblait être une ville fantôme, même si de nombreux bruits se faisaient entendre.

- On va chercher qui, en fait ? Quelqu'un de célèbre, j'espère, qu'on prenne pas des risques pour rien...

Même s'il n'avait pas abandonné son idée déraisonnable de trouver un moyen de joindre les studios, il semblait que Kévin cherchât un moyen de rebrousser chemin.